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Chronique/Interview Mormieben – De Charybde en Scylla

Terre en vue, marins d’eau douce ! Et cette île est celle de Gerber, abritant les pirates du vaisseau dénommé Mormieben. Groupe breton de Folk/Pirate Metal, la bande a sorti son deuxième album en début de mois intitulé De Charybde en Scylla

Je pense pas que beaucoup de personnes ont la référence. Petite explication : Charybde et Scylla sont deux monstres marins originaires de la mythologie grecque, la première étant un typhon aspirant tout bateau passant à côté d’elle et la deuxième étant une sorte d’hydre vivant sur les parois d’une falaise aux bords saillants. Les deux cohabitent dans un mince détroit. Pour passer ce dernier il fallait donc affronter l’un ou l’autre… Moi perso, je fais demi-tour… Mais aujourd’hui, le titre de l’album correspond à une expression qu’on peut littéralement interpréter par « Aller de mal en pire ». Merci Linksthesun. Qu’est-ce que j’adore ce genre d’histoire ! 

Et niveau histoire, on est servi avec cet ouvrage ! Tout le déroulé de l’album suit le parcours de l’équipage du Mormieben à travers l’Atlantique. Si vous aimez les albums concepts, c’est fait pour vous. L’opus commence avec une petite intro faisant office de résumé du précédent. Et la seconde, le départ ! Et il s’agit aussi de mon coup de cœur parmi les tracks. Ça commence très bien ! 

Comme dit précédemment, l’ouvrage raconte une histoire avec plusieurs escales dans différentes îles : Hawaï, Singapour, Japon… Et dans chacune des musiques qui en parlent, on entend les différentes influences musicales de chaque pays en question. J’apprécie beaucoup. Par contre, pour nous faire patienter jusqu’à la sortie, les Bretons nous ont seulement sorti un titre, « Libertalia ». Et j’avoue ne pas comprendre ce choix : Ça doit être celle que j’aime le moins. Mais après, chacun à son propre ressenti. Tant qu’à être dans les points « négatifs », restons y. Mais là, c’est mon ressenti : le chant en langue française. Ça m’a toujours dérangé, mais je pense que ça vient du fait que je vienne de l’univers du Thrash/Death. Mais néanmoins, la voix du chanteur est parfaite pour ce style d’histoire et de musique ; on a réellement l’impression que c’est un vrai pirate qui chante. 

Mais les autres musiciens ne sont pas en reste ! La formation complète rend vraiment le récit épique à souhait. Et c’est ça que j’aime dans le Folk. Je connaissais le groupe de nom, mais je ne m’y suis jamais intéressé vraiment. Mais le hasard fait bien les choses parfois : Mormieben a été annoncé en tant que groupe remplaçant lors du Motocultor Festival 2022. Et bon sang, j’ai beaucoup aimé.

INTERVIEW:

Moi : Ok, on est avec Mormieben, première question, et pour moi c’est la plus importante : Comment ça va ? 

Gobrian : Ma foi, plutôt bien. 

M : Vous avez joué au Motocultor récemment, parce que vous avez remplacé un groupe au dernier moment. Raconte-nous cette expérience 

G : Cette petite aventure va faire partie de mes anecdotes préférées à raconter, je pense. Ça a été un coup de chance monumental : On a su le Samedi pour le Dimanche, alors qu’on était dispersé. Notre Ingé son était à Caen, notre batteur à Clisson, moi du côté de Redon,… Ça nous a surpris mais quand on a reçu le mail de Clément, l’ancien guitariste qui a quitté le Line-up mais est resté dans le groupe pour le management, pour nous dire « Les gars demain Motoc’ », je réponds « Comment ça, Motoc’ ? ». Un petit moment de doute, mais on s’est dit que ça aller être génial. On a déclenché une logistique monstrueuse. Moi je revenais à peine de vacances. Une super expérience. 

M : Tu as pensé quoi du public ? 

G : Agréablement surpris ! On a joué à 14h10 et même le régisseur plateau aurait pas parié vingt balles que y’aurait tout ce monde. On avait des potes sur places qui se sont empressés de prêcher la bonne parole dans le camping. Y’avait sûrement des fans déçus de 1914 qui étaient là parce que la communication s’est faite tardivement. D’autant que y’a pas eu de communication sur écran, ça a été fait directement sur internet. Ramasser autant de monde en si peu de temps et avec si peu de moyen, ça nous a très surpris. Ça était un bouillon du début à la fin, le public a été ultra réceptif, ça nous a sciés les pattes. On a pas eu le temps de répéter. Notre guitariste soliste, fallait le rassurer car il est tout neuf dans Mormieben. Son deuxième concert avec nous était au Hellfest, le troisième à la station nuage entre les deux week-ends du Hellfest et juste après Motoc’. Donc il avait un peu les miquettes, nous autres on était pas fiers non plus mais on était concentré sur l’objectif. La réussite ou la mort (Rires) 

M : Je ne suis pas fan du chant en français mais vous avez réussi à me le faire aimer, du fait que tout votre album raconte une histoire. Qui est derrière tout ça ? 

G : En fait, cet album, on a commencé à le bosser en 2017. On s’est dit « Comment on fait l’album ? », et on a eu cette idée de faire un tour du monde. On a tout pensé ensemble, personne n’a pris le dessus. Personne ne va diriger pour les autres. Une fois que la trame a été dessinée, on déclenche la composition. L’album est composé par notre ami GP, qui est un très bon compositeur, et les paroles, c’est moi. Sauf pour Wata tsu mi, c’est Clément, notre ancien guitariste. Mais après, on refait une réunion pour voir si ça convient. Pareil pour les compositions. 

M : Question qui va peut-être te paraître toute conne, mais je préfère la poser; Gerber existe vraiment ? 

G : Ah ! Question très intéressante. Au premier album, y’a une musique qui s’appelle « Défense de Gerber » et y’a qu’en live que j’explique comment j’ai trouvé Gerber : Un membre d’équipage avec un peu trop d’éthanol vient me voir, et tout ce qui en est sorti, c’est du vomi sur une de mes cartes, du coup l’équipage s’est dit « On va aller là où il a gerber » et PAN ! On y a trouvé une île. Ça vient de là. Les coordonnées dans l’intro sont exactes. À vous d’aller la chercher ! 

M : Question qui fâche : vous êtes souvent considéré comme les Alestorm français…. 

G : Bin oui, à partir du moment où tu fais du Pirate Metal, faut s’y attendre. 

M : Mais perso, j’entends plus les influences Folk. 

G : Oui, carrément. Y’a rien à voir avec Alestorm. C’est pas une question qui fâche, c’est une réaction normale. On a été fatalement influencé par leurs premiers albums, mais aussi par Finntroll, Finsterforst,….Mais moi, personnellement, je n’aime plus ce qu’ils font. Donc oui, on fait du Pirate Metal mais sous notre univers. On fait quelque chose bien à nous, pour éviter de ressembler à autre chose, d’où le chant en français. C’est un choix voulu et assumé. Je m’inspire beaucoup de Brel et de Renaud pour l’écriture et l’interprétation parce qu’ils ne font pas que bêtement chanter une chanson, c’est du transfert d’émotion. Le français s’y prête très bien. C’est sous-représenté. Car toi même tu la dis, le chant français n’est pas apprécié, c’est un sentiment général. Mais c’est en live qu’il faut le savourer. Car on a notre ambiance. 

M : D’autant que tu as une voix qui fait vraiment pirate. 

G : Merci, ça fait vraiment plaisir. J’ai mis beaucoup de temps à trouver quelque chose qui sorte vraiment de l’ordinaire. 

M : On est d’accord que le titre de votre album veut dire de mal en pire, mais est-ce qu’il y en a un d’entre vous qui êtes particulièrement fan de la mythologie ? 

G : En fait, on aime à penser que l’équipage de Mormieben évolue dans notre propre Time-line. On raconte nos chansons comme si le Mormieben avait réellement existé. Donc on met des références historiques dans l’album. 

M : Et concernant l’ensemble des titres, est-ce qu’il y en a un dont tu es particulièrement fier ? 

G: À n’en pas douter « Encalminé » car c’est la première fois que je m’essaie au chant clair. Y’a une mélodie mélancolique qui me fout les poils à chaque fois. Ça parle du désespoir. 

M : Je te remercie énormément pour ton temps. Au plaisir de vous revoir sur scène. 

G : Merci à toi !